La savonnette

Une savonnette à l’odeur de rose,
sur une sous-tasse Vieux-Nyon, repose.
Soudain, une main de femme
la saisit, pour conduire ses trente grammes,
dans une longue promenade.

Sans laisser de zones en rade,
sur toutes les parties de son corps,
tantôt en ligne ou de la forme du cor,
le savon mousse de bonheur.
Il est dans son élément, dissipe ses saveurs.
Longeant les douces cuisses,
flânant sur le pubis,
Il s’immisce dans le vagin,
y resterait du soir au matin.
La belle aussi, se caresserait des heures,
la propreté deviendrait-elle secondaire ?
Il y a de l’érotisme dans l’air.
L’heure avance, le bus n’attend pas,
pour se rendre au travail, pas de temps pour cela.
La savonnette poursuit sa route,
devant derrière, en haut, en bas,
il n’y a point d’endroit où l’on ne passe pas.
La tournée est finie,
la savonnette amincie,
retrouve son assiette,
pour l’eau de rinçage, faut faire place nette.
Et jusqu’au lendemain, repos d’assèchement.
Elle refera caresses, seulement s’en souvenant.
La vie se déroulant inexorablement,
sa forme et puis son poids, toujours diminuant,
jusqu’au jour, fatal, celui du remplaçant.
La vie, éternel recommencement.